Macabo et système de santé.
Au départ je voulais intituler cet article A nos actes manqués mais après avoir fait un tour sur Twitter aujourd’hui je crois que le terme qui s’y prête c’est l’expression camerounaise Avoir le macabo*. Laissez moi vous expliquer.
Tout a commencé par une douleur au dos, ensuite par un soi disant paludisme. Il y a plusieurs semaines de cela, j’apprends que je suis sélectionnée pour aller à Abidjan dans le cadre de la formation Mondoblog, quelle ne fût pas ma joie ! C’était sans compter sur mon organisme qui allait me jouer le coup le plus bas.
Un système de santé qui fait froid dans le dos …
3 médecins, le chiffre est planté. J’ai souvent entendu parler des erreurs de diagnostics dans les hôpitaux au Sénégal ou encore au Cameroun, je dois avouer que je ne l’avais jamais vécu. Le premier m’a simplement donné des calmants, le second un traitement contre le paludisme et jusque là je n’allais pas mieux. La troisième a en quelques minutes identifié la provenance de mon mal … il faut noter que durant le laps de temps qui s’est écoulé avant que je ne tombe sur elle, j’ai dû ingurgiter un bon nombre de médicaments. Voilà une autre spécialité des médecins dans nos chers pays, c »est à qui en prescrira le plus grand nombre.
Je crois que ma stupéfaction a atteint les sommets quand le deuxième médecin que je consultais a commencé à douter de mes propos. La scène :
– J’ai du mal à respirer docteur depuis la dernière fois (oui j’ai été assez bête d’y retourner deux fois), j’ai l’impression de manquer d’air parfois …
– Comment ça ? la dernière fois tu n’avais pas ce symptôme, tu es bien sûre ?
Moi tellement sidérée par sa question, je lui ai tout simplement dis: je ne vois pas l’intérêt d’inventer un nouveau mal qui n’existe pas …
– Bon, on va vérifier cela, si tu insistes.
J’avais juste envie de crier, lui sauter à la gorge et j’en passe. Il m’ausculte et se rend effectivement compte que mes poumons sont encombrés … il a juste renchérit, « tu n’avais pas ce symptôme la dernière fois … » La cerise sur le gâteau, en partant, il me tapote dans le dos et me dit: « il faut être courageuse, tu n’es pas assez courageuse ». Je me suis dis si j’avais toute ma force, le même âge que lui, un peu plus de muscles, on en serait venus aux mains.
Conclusion
Voilà donc notre système de santé: on doute des dires du malade, il n’ y a pas de place pour la considération ou la gentillesse, les diagnostics sont faits à la légère. Si je n’étais pas allée consulter un troisième médecin, j’aurai continué un traitement pour le paludisme et pour un début d’asthme. Il y a encore tant de chemin à faire. Je pense à ces malades qui remettent entièrement leur confiance aux médecins, qui ne laissent peut être pas comme moi la place au doute, comment leur aventure se termine t-elle ?
Aujourd’hui je vais beaucoup mieux mais j’ai raté une belle occasion de rencontrer de nouvelles personnes et surtout de suivre une formation en web journalisme, j’ai le macabo* pour cette raison mais ne dit-on pas la santé avant tout ? J’ai aussi un goût amer car je me rends compte qu’on ne peut pas faire entièrement confiance à ceux qui nous soigne, il faut rester vigilant même devant le médecin le plus bardé de diplômes, ce sont des être humains après tout.
Allez à bientôt.
*Le macabo est une tubercule cultivée au Cameroun. Avoir le macabo signifie, avoir du mal à avaler la pilule, avoir du mal à digérer ou accepter une situation.
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